23 mai 2018


La fin de semaine dernière, mon infatigable fille de huit ans a participé à une course à pied de deux kilomètres. Quand elle a franchi la ligne d’arrivée, je lui ai donné du fromage et du lait au chocolat. Depuis lors, je plaisante en disant que la prochaine fois qu’elle franchira une ligne d’arrivée, que ce soit en course à pied ou à la natation, il faudra peut-être lui donner une boisson gazeuse et un sac de chips pour qu’elle évite de consommer des aliments affichant une mise en garde sur le devant de l’emballage. C’est évidemment une blague, mais cela illustre tristement ce qui pourrait découler de la proposition actuelle de Santé Canada concernant l’étiquetage sur le devant des emballages.

Nous croyons tous en l’objectif du gouvernement d’améliorer la santé des Canadiens. Toutefois, nous ne pouvons pas comprendre comment la proposition de Santé Canada, qui prévoit des mises en garde sur les produits laitiers, aidera les Canadiens à faire des choix alimentaires éclairés pour eux-mêmes et leur famille.

Je suis un parent — et comme tous les autres parents — je veux nourrir mes enfants avec des aliments qui leur fourniront les éléments nutritifs dont ils ont besoin, et non des aliments discrétionnaires « vides. » C’est pourquoi mes enfants vont à l’école avec du yogourt et du fromage dans leur boîte à lunch, et boivent du lait avec leurs repas. Je sais que les produits laitiers sont riches en éléments nutritifs, comme les vitamines A et D, le calcium, le zinc et le potassium et que les Canadiens ne consomment pas ces éléments nutritifs en quantité suffisante (ce que Santé Canada reconnaît aussi!). Mais, j’ai l’avantage de travailler dans l’industrie laitière et je comprends que la science soutient le fait que les produits laitiers jouent un rôle important dans une alimentation équilibrée. Je m’inquiète pour les parents qui n’ont pas la même exposition aux valeurs nutritives des produits laitiers et qui pourraient devoir se fier à un système d’étiquetage simplet et réducteur tel que celui proposé par Santé Canada… Des parents qui, lorsqu’ils voient une étiquette de mise en garde sur les produits laitiers, mais pas sur les croustilles et les boissons gazeuses, pourraient être poussés à acheter des produits moins nutritifs.

Dans le meilleur des scénarios, la confusion créée par l’incohérence de cette réglementation incitera les Canadiens à faire preuve de bon sens et à ignorer les mises en garde apparaissant sur les produits laitiers nutritifs. Mais dans le pire des scénarios, cela a le potentiel réel d’encourager les Canadiens à tout simplement éviter le comptoir des produits laitiers pour se rendre directement dans l’allée des collations, réduisant ainsi leur consommation de produits laitiers et diminuant encore davantage leur consommation des éléments nutritifs importants mentionnés plus haut.

J’ai peur de voir le deuxième scénario se concrétiser. Plus tôt cette année, mes collègues des Producteurs laitiers du Canada ont mené un sondage qui indiquait qu’un tiers des Canadiens éviteraient tout simplement les produits portant une étiquette de mise en garde.

Ce n’est peut-être pas l’intention du Gouvernement du Canada de dire aux parents qu’ils ne devraient pas mettre de produits laitiers sains et nutritifs dans les boîtes à lunch de leurs enfants, mais ce sera la réalité si cette initiative va de l’avant telle que proposée dans sa forme actuelle. Pour emprunter une expression du Lac: Santé Canada… à cause tu fais simple de même?

Mathieu Frigon, Président et chef de la direction par intérim de l’Association des transformateurs laitiers du Canada

Publié à l’origine par La Terre de chez nous.